Vainqueur de la Translémanique en Solitaire l’année dernière (en temps compensé), Christian Monachon revient sur l’édition 2023. Il sera à nouveau au départ de la plus exigeante régate du Léman le 24 août prochain.
Peux-tu te présenter et présenter ton bateau ?
J’ai 39 ans, je suis ingénieur et navigateur sur Ondine depuis l’âge de trois ans. Je navigue sur ce bateau en régate depuis 1999 mais je l’ai repris il y a deux ans. Ondine est un 6m50 qui a été construit en 1932 pour Mr Lullier de Genève dont l’arrière petit-fils navigue toujours aujourd’hui, sur les plans de l’architecte François Camatte, qui a dessiné plusieurs bateaux et qui naviguait au niveau mondial à l’époque. A l’occasion des 90 ans du bateau, en 2022, j’ai disputé le Bol d’Or Mirabaud et la SYZ Translémanique en Solitaire.
Quel est ton parcours de navigateur ?
J’ai commencé à navigué en régate à partir de 1999 et j’ai rejoint le CER vers 2003. J’ai acquis beaucoup d’experience en Surprise d’abord, puis en Mumm 30 et également en multicoque (D35). J’ai aussi fait du M34 sur le Tour de France à la voile. Ces différents supports m’ont beaucoup aidé à apprendre toutes les particularités de la régate, j’ai d’ailleurs occupé des postes différents. J’ai aussi participé plusieurs fois aux 5 jours du Léman, qui pour moi est l’expérience la plus formatrice pour la Translem’ : j’ai pu acquérir une bonne connaissance du lac.
Combien as-tu de Translems’ à ton actif ?
Je n’ai que deux Translems’ à mon actif mais je compte bien y remédier et la faire sur les vingt prochaines années !
Peux-tu nous raconter ton expérience lors de l’édition 2023 ?
Lors de cette édition, mon but était de faire le tour. La météo n’était pas idéale pour mon bateau : il est très toilé et c’est un design ancien qui peut couler et ne plane pas; il faut donc être prudent. Mon départ a été lent par rapport à la flotte car je ne voulais pas prendre trop de risques. Les départs au portant sont un peu stressants pour moi. J’ai essayé de naviguer en bon marin, du mieux que je pouvais, et ça s’est plutôt bien déroulé. J’étais plutôt dans les derniers bateaux en course au niveau d’Evian, mais ensuite j’ai su exploiter le plein potentiel du bateau et gérer les petites transitions. J’ai rattrapé un bon nombre de Surprises, un peu plus grands qu’Ondine mais qui ont une performance similaire. J’ai navigué avec eux puis j’ai réussi touché du vauderon, brise nocturne de Sud Est soufflant sur le Haut-Lac, qui m’a permis de remonter sur les voiliers restés sur la côte suisse. Plus tard, deux autres vents m’ont permis de poursuivre ma progression jusqu’aux premiers Surprises : le Morget puis le Joran.
C’était très humide à la fin, il a plu sans discontinuer dès 22 heures et les conditions de vent étaient assez changeantes, il fallait gérer cela. J’ai terminé la régate vers 3h45 du matin, sans aucune idée du résultat mais j’étais assez fier car j’ai vu plusieurs jolis bateaux autour de moi et je trouvais que je m’étais bien défendu étant donné les circonstances.
Est-ce que tu t’attendais à cette victoire ?
Non, pas du tout. Mon bateau a un beau potentiel mais plutôt dans le petit temps, c’était donc étonnant pour moi au vu des conditions soutenues que nous avons rencontré; je suis heureux de m’en être sorti, j’ai su exploiter le potentiel du bateau, c’est ce qui compte.
Qu’est-ce que représente cette régate pour toi ?
Pour le navigateur lémanique, la Translem’ est le plus grand challenge. Le concept est simple, il faut traverser tout le lac seul et cela me plaît beaucoup. Nous sommes aussi extrêmement bien reçus à la Nautique, il règne une ambiance entre les concurrent unique, il y a une entraide entre les navigateurs qui s’installe naturellement du fait que l’on navigue seul. Tout le monde se dit bonjour, c’est vraiment magique.
Un conseil pour les autres concurrents ?
Pour moi, il faut prendre du plaisir d’abord et les résultats viennent ensuite. Je pense que c’est important de bien préparer le bateau également.